Le 7 mai, l’exécutif va analyser ce projet de loi pour mettre « fin au logement social à vie ». Cela concerne les foyers qui ont dépassé les 20 % du seuil autorisé.
Pour Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, le ministre Guillaume Kasbarian tente d’éviter « le vrai problème qui est le manque de logements ».
Selon la proposition de loi qui a pour objectif de contrer « le logement social à vie », Manuel Domergue pense que : « On peut discuter des curseurs. Mais il y a une communication mensongère sur cette proposition: il n’y a pas de changement radical depuis la loi Molle de 2009 et Elan de 2018. Le ministre fait croire qu’il crée quelque chose en inventant un problème au lieu de s’attaquer au fond, qui est le manque de logements ».
Ce n’est pas juste d’expulser des foyers qui gagent 2000 ou 25000 euros
Selon le discours du ministre, les HLM logent des privilégiés. Le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre répond : « À une époque, il y avait des attributions clientélistes: c’était surtout un sujet à Paris. Mais aujourd’hui on grossit une marginalité. C’est absurde de penser que beaucoup de gens qui gagnent 7.000 euros sont logés dans le parc social. La proposition de loi vise à mettre fin au bail des locataires qui dépassent le seuil de revenus de 20% ».
Il poursuit que « cela équivaut à 2.000, 2.500 euros. Cela va concerner des gens qui ont obtenu un logement en gagnant 1.500 euros par exemple, qui ont changé de travail ou évolué professionnellement et on va mettre en œuvre des procédures d’expulsion contre eux. Au-delà du fait que la démarche peut prendre deux ans, on va envoyer la police pour expulser ces gens? C’est absurde ».
Si le gouvernement applique ainsi ce principe, il n’y a pas assez de logements libérés. Selon toujours Manuel Domergue : « Ah non, on n’aura pas gagné grand-chose! Depuis 30 ans, la tendance montre une paupérisation du parc HLM. De plus, les personnes assujetties au supplément de loyer, sont plutôt appréciées des bailleurs, elles ont des revenus stables. Sur le principe, pourquoi pas se dire qu’un couple avec enfant qui gagne 4.000 euros peut voir son loyer passer de 600 à 800 euros ? Si cet argent est utilisé pour améliorer les conditions de vie cela peut être une piste de réflexion ».
La Fondation Abbé Pierre n’est pas d’accord avec la fin du logement social à vie
La Fondation Abbé Pierre s’oppose à cette proposition de loi. Il pense que « Notamment avec une communication qui vise à diviser les locataires et stigmatiser les classes moyennes. C’est la même chose qu’avec la polémique concernant l’expulsion des délinquants. On a entendu ce mantra: « Pas de logement social pour les ennemis de la République. » C’est lamentable d’expulser des familles déjà dans la galère parce qu’un des enfants a participé aux émeutes de l’été dernier ».
Pour la Fondation, l’urgence n’est pas cette fin du logement social à vie. La priorité est de « Faire rentrer des ménages à très bas niveaux de revenus dans le parc pour qu’ils puissent sortir des squats, de situations très graves. Mais avec l’augmentation des niveaux de loyers, ces très bas logements tendent à disparaître et ces personnes n’auront plus rien. C’est très inquiétant ».